Cet été, la Cité Radieuse désormais centre d’art à l’initiative du designer Ora-ïto, renouvelle son invitation à un artiste contemporain et propose à Jean-Pierre Raynaud d’investir l’espace en dialogue avec l’architecture Le Corbusier.

Ora-ïto, Jean-Pierre Raynaud et Sophie Delafontaine (mécène de l’exposition au nom de la marque Longchamp), sur le toit-terrasse de la Cité Radieuse © We are contents

Après cinq éditions qui ont tour à tour montré les travaux de Xavier Veilhan, Daniel Buren, Dan Graham et Felice Varini en 2016, le designer Ora Ito propose à Jean-Pierre Raynaud de prendre possession de la Cité Radieuse, de son toit et de son gymnase, classés monuments historiques depuis 1983 et célébrant l’œuvre d’un artiste contemporain chaque année depuis sa reconversion en centre d’art, le MaMo, par Ora-ïto.

Ici, par Jean-Pierre Raynaud, Cité Radieuse, Marseille © We are contents

C’est dans une volonté de rencontre avec l’architecture Le Corbusier et non de confrontation que le plasticien Jean-Pierre Raynaud a souhaité intervenir au MaMo. Depuis toujours, son œuvre traduit un questionnement autour du corps et de l’espace à travers l’usage d’objets, souvent de récupération, comme les pots de fleurs remplis de béton qu’il décline inlassablement, en variant les couleurs et les dimensions ; ou bien le carrelage blanc en céramique avec joints noirs, rapidement devenus la marque de fabrique de l’artiste.Au MaMo, Jean-Pierre Raynaud utilise le symbole de la flèche en acier, longue de 17 mètres, qu’il dépose à l’horizontal sur le toit de la Cité Radieuse en direction du Gymnase. Une seule œuvre, un seul geste, qui démontre la capacité de l’artiste à s’emparer de vastes espaces, en y incluant son empreinte personnelle.

Vue de l’exposition de Jean-Pierre Raynaud, à la Cité Radieuse de Marseille © We are contents

Cette sculpture monumentale est dirigée vers le Gymnase, elle montre ainsi une direction, traduisez par l’ « ici », qui est par ailleurs le titre de l’exposition. Le Gymnase abrite une sélection rétrospective de l’œuvre de Jean-Pierre Raynaud : sens interdits coupés géants, sculptures que l’artiste conçoit comme ses autoportraits mais surtout, un ensemble de containers rassemblant les débris de sa maison, projet artistique de sa vie, qu’il détruit en 1993.Jean-Pierre Raynaud a construit sa propre maison en 1969, à la Celle Saint-Cloud, entièrement carrelée de céramiques blanches, qu’il transforme au fil du temps en véritable œuvre d’art et fruit d’une recherche de vingt-quatre ans (le projet le plus emblématique de sa carrière) sur l’espace. A partir des années 1990, elle devient la pièce maîtresse de son œuvre  et sa principale source d’inspiration, lieu où l’artiste se retire dans une solitude presque totale.

Vue de l’exposition de Jean-Pierre Raynaud, à la Cité Radieuse de Marseille © We are contents

En 1993, Jean-Pierre Raynaud décide de détruire totalement sa maison : les débris seront par la suite exposés dans des centaines de containers. La même année, il représente la France à la Biennale de Venise et obtient le Prix d’honneur.

« Ici », exposition de Jean-Pierre Raynaud à la Cité Radieuse, Marseille, jusqu’au 1er octobre 2017.

Source : A Marseille, Jean-Pierre Raynaud investit la Cité Radieuse